En 2004 à Modène (Italie), Simone Soria a lancé la société Ausili ed informatica per disabili ed anziani (Aida)(Outils et informatique pour personnes handicapées et personnes âgées) avec Emanuele Perini, un camarade d’université. L’objectif de ces deux ingénieurs en informatique ? Inventer des outils techniques innovants pour aider les personnes handicapées souffrant d’importants troubles moteurs. Simone est lui-même infirme moteur cérébral, tétraplégique et il a des difficultés d’élocution.
« Pour permettre à des personnes lourdement handicapées de mieux communiquer avec leur environnement et d’entrer dans une dynamique d'apprentissage, Aida propose des logiciels adaptés à leurs capacités motrices et cérébrales », explique cet homme brun de 34 ans. Il a, par exemple, conçu le logiciel FaceMouse : à l’aide de petits mouvements de la tête devant un écran d’ordinateur muni d’une webcam, la personne en situation de handicap peut utiliser son nez, sa main ou son pied comme une souris et accéder à diverses fonctions de l’ordinateur (traitement de texte, communication à l’aide de pictogrammes, surf sur Internet, jeux…).
Un outil à faire connaître
Depuis sa création, entre 300 et 350 personnes en situation de handicap ont utilisé l’un des logiciels de la société Aida. « Nous observons l’enfant ou l’adulte handicapé, ses capacités motrices et cognitives puis nous adaptons le programme. Nous avons souvent de très belles surprises, apprécie Simone. Je souhaite montrer à ces personnes, à leur entourage familial, amical, médical et éducatif que tout est possible, pour peu qu’on soit convaincu et doté d’outils bien conçus. » Cependant, la société Aida reste encore méconnue en Italie, il existe peu de titres de presse consacrés au handicap qui pourraient relayer son existence, les médecins et les écoles n’en parlent pas non plus assez.
Marié à Eri, une jeune femme japonaise, Simone soutient trois enfants handicapés du Pays du soleil levant avec lesquels il a obtenu des résultats très positifs. « Notre atout réside certes dans le fait d’adapter notre matériel aux mouvements et aux capacités de chacun mais aussi dans la créativité de notre méthode de travail et dans notre pédagogie. Nous partons du principe que la personne pourra communiquer puis nous testons différents moyens pour qu’elle y arrive. »
Le jeune ingénieur aimerait qu’un maximum de personnes en situation de handicap puissent bénéficier de FaceMouse à travers le monde, d’autant que le logiciel est facile à traduire, afin qu’elles puissent s’exprimer et peut-être changer de vie. Il cherche d’ailleurs des collaborateurs en France. Avis aux personnes intéressées.
Cerise sur le gâteau ? Aida est devenue une coopérative sociale qui embauche des personnes handicapées et organise des dîners de solidarité. Katia Rouff - Photo DR